Prêt à sanctionner une féministe, Pékin fait marche arrière

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Originally published by Tribune deGeneve on September 21, 2017

Le gouvernement chinois a rétropédalé. La Chine a finalement autorisé une jeune militante féministe à quitter le territoire pour aller suivre un master de droit à Hongkong. « Je pars ce dimanche » a confirmé hier Wu Rongrong à La Tribune de Genève. Fin août, pourtant, cette activiste de 32 ans avait reçu une sanction inédite : l’interdiction de quitter le pays pendant dix ans. La police de sa province natale avait refusé de lui renouveler ses documents d’identité, au motif qu’elle était encore la cible d’une enquête. Cette interdiction, complètement sans précédent, avait provoqué la colère des ONG qui ont dénoncé un acharnement contre la jeune femme. Depuis 2012 et l’arrivée aux manettes du président Xi Jinping, la société civile chinoise est elle-même victime d’une violente reprise en main par le pouvoir communiste.

Visage rond et juvénile, cheveux courts coupés au carré, Wu Rongrong se préparait depuis un an à faire sa rentrée ce mois-ci à l’Université de Hong Kong (HKU), la plus vieille faculté de l’ex-colonie britannique. Un moyen pour elle de retrouver sa liberté, sur ce territoire semi-autonome, loin du pouvoir central de Pékin. En 2015, en effet, Wu Rongrong avait été détenue pendant 38 jours avec quatre autres militantes chinoises qui préparaient une action de sensibilisation pour la Journée internationale des femmes du 8 mars. Son incarcération, à l’époque, avait ému la communauté internationale, de Hillary Clinton à l’Union européenne. Même après sa libération conditionnelle, en avril cette année-là, cette défenseuse de l’égalité des sexes avait encore été intimidée à plusieurs reprises pour son engagement.

Wu Rongrong a déjà un long passé militant malgré son jeune âge. Née 1985, elle avait fondé il y a trois ans le Weizhiming Women’s Center de Hangzhou, près de Shanghai. Mais c’est à Pékin qu’elle avait fait ses études et commencé sa carrière, diplôme en poche. Militante anti-sida, atteinte d’une hépatite, elle avait rejoint le Beijing Aizhixing Institute, la plus grande ONG chinoise en matière de lutte contre le VIH. Elle avait également milité pour les droits des femmes au sein du centre Yirenping de Pékin. Fondée en 2006, cette ONG pionnière apportait du soutien juridique à des personnes précaires victimes de discriminations. En mars 2015, pendant que Wu Rongrong était en détention avec ses 4 camarades, la police chinoise avait fait un raid dans les locaux de l’ONG. Selon les Chinese Human Rights Defenders , une ONG de Hongkong, environ 20 policiers avaient alors pénétré dans les bureaux pour saisir des documents. (TDG)

 

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